Appel à communications - Retour sur l’analyse du discours « de l’école française » des origines
Journée d’études du groupe de recherche AD – Do.Ri.F.
Retour sur l’analyse du discours « de l’école française » des origines :
déconstruction, engagement et positionnements
Bari, 29-30 mai 2025
Deux noms ont caractérisé les origines de l’analyse du discours « de l’école française » (désormais ADF) depuis la fin des années 1960 en France (Raus 2019 ; Moirand 2020) : Michel Pêcheux, philosophe, initiateur de l’analyse automatique du discours, et Jean Dubois, linguiste, père du concept « analyse du discours » – emprunté à l’angloaméricain Discourse Analysis, depuis sa création par Zellig Harris.
L’ADF des origines, qui voit le jour dans une conjoncture théorique et politique propice à une pensée « transversale » (Maldidier 1993), relève d’une approche distributionnelle automatique d’accès aux mots pour repérer les régularités énonciatives qui créent la « surface énonciative » d’un texte (Raus 2021 : 18) interrogeant les « relations entre les textes et les situations sociohistoriques dans lesquelles ils se produisent » (Maingueneau 2014a : 13). Les préoccupations des analystes du discours francophones des origines touchent aux conditions de production, circulation et réception du discours, par la conviction que l’analyse du discours doit être autonome par rapport à la linguistique, tant en termes d’application que d’intégration à celle-ci (Maldidier 1993). Par cette approche centrée sur « la matérialité de la langue », l’ADF peut tirer profit des travaux en philosophie et en psychanalyse de Jacques Lacan, de Louis Althusser et de Michel Foucault, et de la linguistique de l’énonciation, grâce à laquelle diverses tendances (Maingueneau 2014a) et « générations » (Angermuller 2017) de l’ADF ont pu voir le jour dans les décennies suivantes. Par ces premiers développements, l’ADF se différencie de l’analyse du contenu (Krieg-Planque 2012) et intègre, à partir de l’idée de la non-transparence de la langue et de ses réalisations en contexte, la présence de l’« autre » et, par conséquent, l’idéologie qui est à la base des êtres humains et des groupes sociaux (Althusser 1970).
Ainsi, depuis les années 1970, de nouvelles notions viennent enrichir l’ADF en construction. Tel est le cas de la notion de « préconstruit », introduite en 1975 par Paul Henri et Michel Pêcheux par rapport à des phénomènes syntaxiques à rapporter avec les données contextuelles (Paveau 2017), avec les trois notions qui lui sont liées d’« interdiscours », de « formation discursive » – tirée de Foucault – et de « sujet » en tant que « trace » de discours antérieurs à la formation discursive (Maldidier 1993). Il s’ensuit que même la place du sujet dans la construction des formations discursives est au cœur des réflexions de l’ADF : celui-ci devient de plus en plus décentré par l’interdiscours, comme le montrera l’ADF des années 1980, avec également la notion d’« hétérogénéité » issue des travaux de Jacqueline Authier-Revuz (2020, entre autres). D’autres ouvertures importantes de l’ADF, qui s’étendent jusqu’en Amérique latine – rappelons, parmi d’autres, Eni Puccinelli-Orlandi, qui s’engage à diffuser l’œuvre de Michel Pêcheux au Brésil, alors marqué par une dictature militaire (Machado, Mendes 2011) – porteront sur des concepts provenant de la linguistique de l’énonciation (Émile Benveniste, Antoine Culioli), de la pragmatique – via les travaux sur la pragmatique intégrée d’Oswald Ducrot –, de l’étape de « déconstruction » introduite par la relecture de L’archéologie du savoir de Foucault. Il en va de même pour la redécouverte de l’archive et donc de la dimension historique, mais aussi pour les genres discursifs et les fondements d’une définition de la rhétorique argumentative (Christian Plantin, Ruth Amossy). De nouvelles orientations conduiront les linguistes et analystes du discours, depuis les années 1980 et les années 1990, vers de nouvelles pistes de réflexion qui façonneront diverses approches de l’ADF. Patrick Charaudeau proposera une approche sémiolinguistique du discours, intégrant dans l’analyse les conditions socio-communicatives externes à l’acte d’énonciation, à travers le point de vue et le positionnement du sujet parlant (Charaudeau 2023, entre autres), alors que d’autres spécialistes – Sophie Moirand, Marie-Anne Paveau et Dominique Maingueneau – s’intéresseront aux choix des discours à examiner (Guilhaumou 2002), ce qui les amènera à réinterroger les notions d’« événement » et de « mémoire ». En particulier, Dominique Maingueneau est à la base d’une première systématisation des analyses conduites depuis les années 1960 sur l’ADF et poursuivies dans le cadre des multiples réactualisations de ces notions fondamentales en ADF depuis les années 1980. Il sera à l’origine de l’ouvrage de référence de l’ADF qui continue à former des générations d’analystes du discours Dictionnaire d’analyse du discours, publié en 2002, qu’il codirige avec Patrick Charaudeau. Grâce à ces ouvertures qui, au tournant du XXIe siècle, s’enrichissent de la linguistique de corpus et de la textométrie, les analystes du discours s’intéresseront, de façon plus scientifique et systématique, à des formations discursives à l’œuvre dans des textes parfois très hétérogènes (Maingueneau 2014b) à partir de (ré)interrogations et d’adaptations constantes en fonction d’objets et d’objectifs nouveaux (Longhi 2018).
Or, loin de sous-estimer ces étapes épistémologiques et méthodologiques essentielles de l’ADF (Mazière 2005 ; Raus 2019), la présente journée d’études voudrait revenir sur l’ADF des origines, avec les cadres notionnels et méthodologiques issus des analystes de la « première génération », pour tisser un lien entre celle-ci et les contextes de recherches sociolinguistiques contemporains. Il s’agira de se pencher sur les travaux pionniers en ADF à la lumière d’une déconstruction, autrement dit d’une reconfiguration (Maldidier 1993) et d’un retour réfléchi et actualisé sur ceux-ci par rapport au discours politique et au traitement automatique du texte contemporains, comparant des temps et des espaces donnés différents, révélateurs de positionnements sociaux, culturels, historiques propres aux sujets qui se les approprient. Les réflexions souhaitées viseront à tracer des chemins permettant de comprendre si et comment l’analyse du discours politique et le traitement automatique des discours à l’époque contemporaine peuvent tirer profit et s’enrichir d’un retour réfléchi à l’ADF des origines et de ses apports. Le titre de cette initiative, s’inspirant d’un article de Sophie Moirand (2020) sur une sémantique actualisée du discours en construction, se poursuit par la dimension engagée de l’ADF. Cette perspective amène l’analyste à se positionner à l’égard des « moments discursifs » (Moirand 2020) qui caractérisent son époque, mais aussi à revenir sur les travaux pionniers en ADF pour mieux comprendre l’ère actuelle, marquée par des crises multiples (Charaudeau 2020) et par le retour et l’essor des populismes en Europe. Il en va de même pour les avancées liées au traitement automatique de données langagières, qu’il sera demandé d’aborder en tenant compte des premières analyses automatiques réalisées entre les années 1960 et les années 1970 sur le discours politique. À cet égard, l’intelligence artificielle et le traitement automatique des langues naturelles via la traduction et la transcription automatiques viennent interroger des phénomènes discursifs nouveaux. Ceux-ci questionnent le rôle de la personne qui est tenue de les examiner et de s’attarder sur le positionnement éthique de l’ADF, à partir de nouvelles exigences liées, entre autres, à l’utilisation d’un langage respectueux des différences et plus inclusif (Raus et al. 2022). D’autres interrogations portent sur les enjeux interdiscursifs qui émergent du passage des notions de l’ADF au fil du temps dans d’autres contextes socio-culturels (Raus 2019) et dans d’autres langues, pour en faire ressortir les spécificités ainsi que pour réaliser une terminologie de l’ADF dans des langues autres que le français. Rappelons, à cet égard, le projet qui est à la base de la collection Traduco (Tab edizioni, Rome), sous la direction de Rachele Raus, visant à traduire et à faire connaître en Italie et dans le contexte italophone des ouvrages rédigés par des analystes du discours francophones.
Cette initiative fait suite à d’autres projets qui ont vu le jour depuis 2020 en Italie, en partie sous le patronage du Do.Ri.F., pour promouvoir l’ADF et son engagement dans un contexte de plus en plus complexe et complexifié :
- la traduction d’essais de spécialistes francophones de l’ADF en italien dans le cadre de la collection Traduco (Tab edizioni, Rome), sous la direction de Rachele Raus (https://www.tabedizioni.it/shop/books/series/traduco-47?order=ordering+desc), depuis 2020 ;
- le n° 20, 2024, de la revue Synergie Italie, consacré à la réception de l’ADF en Italie (https://gerflint.fr/synergies-italie/103-pages-synergies/311-synergies-italie-20) ;
- une table ronde autour de « Multilinguisme et analyse du discours », portant sur l’ouverture de l’ADF à d’autres langues et approches disciplinaires auprès de l’Université de Catania (https://www.efmr.it/sites/default/files/Table%20ronde%20%E2%80%9CAnalyse%20du%20Discours%20et%20Multilinguisme%E2%80%9D%20%2825-10-2024%29.pdf), en octobre 2024 ;
- un cycle de séminaires consacrés aux réceptions de l’ADF en Italie et une journée d’études internationale portant sur les enjeux et les perspectives caractérisant les études discursives actuelles avec une visée de dialogue entre disciplines diverses, à l’Université de Milan (https://dhphd.hypotheses.org/2472), à l’automne 2023 ;
- le vol. 12/1 (à paraître en 2025) de la revue Lingue Culture Mediazioni, qui aura pour titre « Analyse du discours française et études linguistiques : trajectoires de recherche actuelles » (https://www.ledonline.it/index.php/LCM-Journal/announcement/view/91).
Les propositions attendues pour la présente journée d’études pourront porter, entre autres, sur :
- le traitement automatique du texte depuis les premières recherches des analystes du discours et sa reconfiguration à l’aune de l’intelligence artificielle en termes de traduction automatique, transcription automatique et création d’applications se servant de l’intelligence artificielle pour le traitement de données langagières, même à des fins pédagogiques ;
- l’analyse du discours politique des origines et sa reconfiguration en termes d’engagement et de positionnement à l’égard de l’ère actuelle, à la lumière de certains déplacements internes au discours politique (Alduy et al. 2023) générateurs d’un brouillage des enjeux politiques (Charaudeau 2022), et du retour des populismes, voire d’une radicalisation du discours, dans les régimes démocratiques européens ;
- la réception des notions et des concepts de l’ADF liés au discours politique et au traitement automatique du texte en Italie, au niveau de traduction inter- et intralinguistique, ainsi que de reconfigurations de l’espace sociopolitique contemporain par rapport à celui qui a fait l’objet des recherches des analystes de la « première génération » ;
- le rôle engagé de l’analyste du discours dans son statut de « chercheur », ses « postures » (Charaudeau 2013) et son positionnement éthique à l’aune des enjeux politiques et sociétaux contemporains, en les comparant avec ceux qui relevaient du contexte de l’ADF des origines ;
- les apports et les influences mutuelles entre la reconfiguration de l’ADF des origines et d’autres approches théoriques dans le contexte politique et social contemporain.
Modalités d’adhésion :
Les propositions de communication attendues, à rédiger en français ou en italien, au format word, ne dépasseront pas les 500 mots (références bibliographiques incluses) et s’inscriront dans l’un des axes de recherche susmentionnés. Elles seront anonymisées et accompagnées, dans le texte du message, du titre de la proposition, du nom, de l’affiliation et de l’adresse électronique de la personne ou des personnes concernées. L’objet du courrier, à envoyer à l’adresse adf2025@uniba.it, sera : ADF des origines – Prénom(s) et nom(s). Les propositions d’élèves en formation doctorale – dont la méthodologie de recherche s’appuie sur l’ADF et sur ses développements en termes de traitement automatique des discours et d’analyse du discours politique – sont encouragées. Elles feront l’objet d’une session qui sera consacrée à la présentation de leurs recherches en cours.
Calendrier :
Date limite de réception des propositions : 15 avril 2025
Notification d’acceptation des propositions : 30 avril 2025
Journée d’études : 29-30 mai 2025
Lieu : Bari, département de Sciences politiques (Università degli studi di Bari Aldo Moro)
Durée des interventions : 20 minutes
Langues de communication : français et italien
Publication envisagée : numéro thématique de revue scientifique internationale ou ouvrage thématique collectif
Comité scientifique :
Johannes Angermuller (Open University)
Patrick Charaudeau (Université Sorbonne Paris-Nord)
Françoise Favart (Université de Trieste)
Paola Paissa (Université de Turin)
Rachele Raus (Université de Bologne-Forlì)
Micaela Rossi (Université de Gênes)
Alida Maria Silletti (Université Aldo Moro de Bari)
Lorella Sini (Université de Pise)
Comité d’organisation : Alida M. Silletti, Giuseppe A. Papagni, Luca Dellino
Bibliographie citée :
Alduy C., Collovald A., Pranchère J.-Y. (2023), « Les faillites du langage », Esprit, 302, https://esprit.presse.fr/article/cecile-alduy-et-annie-collovald-et-jean-yves-pranchere/les-faillites-du-langage-44871
Althusser L. (1970), « Idéologie et appareils idéologiques d’État. (Notes pour une recherche) », La pensée, 51, pp. 3-38.
Angermuller J. (2017), « Renouons avec les enjeux critiques de l’Analyse du Discours. Vers les Études du discours », Langage et société, 160-161/2, pp. 145-161, https://shs.cairn.info/revue-langage-et-societe-2017-2-page-145?lang=fr&tab=texte-integral
Authier-Revuz J. (2020), La Représentation du Discours Autre. Principes pour une description, Berlin/Boston, De Gruyter, 2020.
Charaudeau P. (2013), « Le chercheur et l’engagement. Une affaire de contrat », Argumentation et analyse du discours, 11, https://journals.openedition.org/aad/1532
Charaudeau P. (2020), La manipulation de la vérité. Du triomphe de la négation aux brouillages de la post-vérité, Limoges, Lambert-Lucas.
Charaudeau P. (2022), Le discours populiste, un brouillage des enjeux politiques, Limoges, Lambert-Lucas.
Charaudeau P. (2023), Le Sujet parlant en sciences du langage. Contraintes et libertés. Une perspective interdisciplinaire, Limoges, Lambert-Lucas.
Guilhaumou J. (2002), « Le corpus en analyse de discours : perspective historique », Corpus, 1, https://journals.openedition.org/corpus/8
Krieg-Planque A. (2012), Analyser les discours institutionnels, Paris, Armand Colin.
Longhi J. (2018), Du discours comme champ au discours comme terrain, Paris, L’Harmattan, collection « Humanités numériques ».
Machado I.L., Mendes E. (2011), « Avant-propos », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne], 7, http://journals.openedition.org/aad/1220
Maingueneau D. (2014a), Discours et analyse du discours, Paris, Armand Colin.
Maingueneau D. (2014b), « Aux limites de la généricité », in Monte M., Philippe G. (dir.), Genres & textes. Déterminations, évolutions, confrontations, Lyon, Presses universitaires de Lyon, pp. 77-88.
Maldidier D. (1993), « L’inquiétude du discours. Un trajet dans l'histoire de l'analyse du discours : le travail de Michel Pêcheux », Semen, 8, https://journals.openedition.org/semen/4351#tocto1n4
Mazière F. (2005), L'analyse du discours. Histoire et pratiques, Paris, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? ».
Moirand S. (2020), « Retour sur l’analyse du discours française. Suivi de quelques réflexions sur une sémantique du discours en construction », Pratiques. Linguistique, littérature, didactique, 185-186, https://journals.openedition.org/pratiques/8721
Paveau M.A. (2017), « Le préconstruit. Généalogie et déploiements d’une notion plastique », in Bréchet F., Giai-Duganera S., Luis R., Mezzadri A., Thomas S. (dir.), Le préconstruit, approche pluridisciplinaire, Paris, Classiques Garnier, pp. 1-11, https://hal.science/hal-01672261/document
Pêcheux M. (1975), Les vérités de La Palice, Paris, François Maspero (Théorie).
Raus R., Tonti M., Cerquitelli T., Cagliero L., Attanasio G., La Quatra M., Greco S. (2022), « L’analyse du discours et l’intelligence artificielle pour réaliser une écriture inclusive : le projet E-MIMIC », SHS Web of Conferences, 138, https://www.shs-conferences.org/articles/shsconf/pdf/2022/08/shsconf_cmlf2022_01007.pdf
Raus R. (2021), « Aperçu historique de l’analyse du discours », in Fesp : le Français pour les étudiants de Sciences politiques. Il francese per i Corsi di Laurea Politologici e Internazionalistici, Naples, Edizioni giuridiche Simone, 3e éd., pp. 15-35.
Raus R. (2019), « Introduction », in Raus R. (dir.), Partage des savoirs et influence culturelle : l’analyse du discours « à la française » hors de France, Essais francophones, 6, GERFLINT, pp. 13-27, https://gerflint.fr/Base/Essais_francophones/essais_francophones_vol_6_2019.pdf
Sini L., Bisiani F. (2024) (dir.), La réception de l’analyse du discours de l’école française en Italie. Parcours croisés, Synergies Italie, 24, numéro thématique, https://gerflint.fr/synergies-italie/103-pages-synergies/311-synergies-italie-20
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Call for papers
Giornata di studi del gruppo di ricerca AD – Do.Ri.F.
Ritorno alle origini dell’analisi del discorso “di scuola francese”:
decostruzione, impegno e posizionamenti
Bari, 29-30 maggio 2025
Due nomi hanno caratterizzato le origini dell’analisi del discorso “di scuola francese” (d’ora in poi ADF) a partire dalla fine degli anni Sessanta del XX secolo in Francia (Raus 2019; Moirand 2020): Michel Pêcheux, filosofo, iniziatore dell’analisi automatica del discorso, e Jean Dubois, linguista, a cui si deve la paternità del concetto di “analisi del discorso”, mutuato dall’angloamericano Discourse Analysis, creato da Zellig Harris.
L’ADF delle origini, che prende avvio all’interno di una congiuntura teorica e politica permeabile a un pensiero “trasversale” (Maldidier 1993), consiste in un approccio automatico di accesso alle parole, per identificare le regolarità enunciative che creano la “superficie enunciativa” di un testo (Raus 2021: 18), ponendo l’attenzione sul rapporto tra testi e situazioni socio-storiche nelle quali i primi sono prodotti (Maingueneau 2014a: 13). Le questioni che vengono inizialmente studiate nell’ambito dell’analisi del discorso francofona attengono alle condizioni di produzione, circolazione e ricezione del discorso, a partire dalla convinzione che l’analisi del discorso dev’essere autonoma rispetto alla linguistica, sia in termini di applicazione che di integrazione rispetto a essa (Maldidier 1993). Un tale approccio, che ha come fulcro la “materialità della lingua”, permette all’ADF di interessarsi alla filosofia e alla psicanalisi, attraverso le opere di Jacques Lacan, Louis Althusser e Michel Foucault, e alla linguistica dell’enunciazione, dando luogo a diverse tendenze (Maingueneau 2014a) e “generazioni” (Angermuller 2017) dell’ADF, sviluppatesi nei decenni successivi. L’integrazione di nozioni mutuate da queste discipline fa sì che l’ADF si distingua dall’analisi di contenuto (Krieg-Planque 2012), integrando, a partire dal principio della non trasparenza della lingua e delle realizzazioni della stessa in funzione del contesto, la presenza dell’alterità e, di conseguenza, l’ideologia che sottende gli esseri umani e i gruppi sociali (Althusser 1970).
Così, a partire dagli anni Settanta, nuove nozioni vengono ad arricchire l’ADF: basti pensare alla nozione di “precostruzione”, introdotta nel 1975 da Paul Henri e Michel Pêcheux rispetto a fenomeni sintattici da mettere in relazione con i dati derivanti dal contesto (Paveau 2017), a cui sono legate le ulteriori tre nozioni di “interdiscorso”, “formazione discorsiva” – mutuata da Foucault – e “soggetto” in quanto “traccia” di discorsi antecedenti alla formazione del discorso (Maldidier 1993). Ne consegue che il soggetto riveste una funzione fondamentale nelle riflessioni dell’ADF, in relazione alla costruzione delle formazioni del discorso, nelle quali questi occupa un ruolo sempre più decentrato rispetto all’interdiscorso, come verrà mostrato nell’ambito dell’ADF degli anni Ottanta, a cui andrà ad aggiungersi la nozione di “eterogeneità” attraverso i lavori di Jacqueline Authier-Revuz (2020, tra gli altri). Ulteriori importanti sviluppi dell’ADF, che la portano a diffondersi fino all’America latina – si ricordi, ad esempio, l’impegno di Eni Puccinelli-Orlandi nel far conoscere l’opera di Michel Pêcheux in Brasile, Paese, all’epoca, caratterizzato da una dittatura militare (Machado, Mendes 2011) –, riguarderanno l’integrazione di concetti provenienti dalla linguistica dell’enunciazione (Émile Benveniste, Antoine Culioli), dalla pragmatica – per il tramite dei lavori sulla pragmatica integrata di Oswald Ducrot –, ma anche dal momento di “decostruzione” introdotto a partire dalla rilettura de L’archeologia del sapere di Foucault. L’ADF si arricchisce, inoltre, della riscoperta dell’archivio e, quindi, della dimensione storica, così come dei generi discorsivi e dei fondamenti per una definizione della retorica dell’argomentazione (Christian Plantin, Ruth Amossy). Nuovi orientamenti porteranno, a partire dagli anni Ottanta e Novanta, nuovi spunti di riflessione, grazie ai quali prenderanno forma diversi approcci dell’ADF. Così, Patrick Charaudeau proporrà un approccio semiotico-linguistico del discorso, integrando all’analisi le condizioni sociocomunicative esterne all’atto enunciativo, attraverso il punto di vista e il posizionamento assunti dal soggetto parlante (Charaudeau 2023), mentre i lavori di Sophie Moirand, Marie-Anne Paveau et Dominique Maingueneau si interesseranno alla scelta dei discorsi da esaminare (Guilhaumou 2002), a cui seguiranno anche riflessioni legate a nuovi interrogativi posti dalle nozioni di “evento” e “memoria”. In particolare, a Dominique Maingueneau si deve una prima sistematizzazione delle analisi sull’ADF condotte dagli anni Sessanta e sviluppatesi a seguito delle diverse riattualizzazioni delle nozioni fondative di questa disciplina a partire dagli anni Ottanta. Queste riflessioni scaturiranno, tra gli altri, nel Dictionnaire d’analyse du discours, curato con Patrick Charaudeau e pubblicato nel 2002, opera di riferimento dell’ADF che ha formato e continua a formare, ancora oggi, generazioni che utilizzano l’ADF come approccio metodologico. Grazie all’insieme di queste influenze, in cui confluiranno, con l’inizio del nuovo Millennio, anche nozioni mutuate dalla linguistica dei corpora e dalla linguistica computazionale, nuovi ambiti di interesse dell’ADF saranno rappresentati, attraverso un’analisi più scientifica e sistematica, da formazioni discorsive che appaiono all’interno di testi talvolta molto eterogenei (Maingueneau 2014b), a partire da questioni che vengono esaminate da una prospettiva diversa e da costanti adattamenti dovuti a oggetti e obiettivi di analisi nuovi (Longhi 2018).
Lungi dal minimizzare l’importanza dei diversi momenti che hanno caratterizzato il percorso epistemologico e metodologico dell’ADF (Mazière 2005; Raus 2019), la presente Giornata di studi intente riprendere l’ADF delle origini e il quadro nozionale e metodologico che trae origine dalla cosiddetta “prima generazione”, per tracciare i punti di contatto tra quest’ultima e i contesti di ricerca sociolinguistici contemporanei. Si vorrebbe, in particolare, porre l’attenzione sui lavori pionieristici dell’ADF alla luce di una “decostruzione”, ovvero di una riconfigurazione (Maldidier 1993) e di un ritorno ragionato e attualizzato su tali studi, in relazione al discorso politico contemporaneo e al trattamento automatico del testo, mettendo a confronto tempi e spazi diversi che sono il risultato di posizionamenti sociali, culturali e storici peculiari dei soggetti che li adottano. Le riflessioni auspicate avranno lo scopo di tracciare percorsi che permettano di capire se e come l’analisi del discorso politico e il trattamento automatico dei discorsi, nella contemporaneità, possano trarre profitto da e arricchirsi in funzione di un ritorno a una riflessione sull’ADF delle origini e sugli apporti della stessa. Il titolo di questa iniziativa, che prende spunto da un articolo di Sophie Moirand (2020) relativo a una semantica attualizzata del discorso in via di realizzazione, prosegue poi con il focus sull’ADF come impegno, da parte dell’analista del discorso, a prendere posizione rispetto a “momenti discorsivi” (Moirand 2020) che si verificano nella propria attualità, ma anche a un ritorno sui primi lavori legati all’ADF nell’ottica di una migliore comprensione dell’epoca attuale, caratterizzata da crisi multiple (Charaudeau 2020) e dal ritorno e dallo sviluppo dei populismi in Europa. Allo stesso modo, tali considerazioni portano a riflettere sugli avanzamenti legati al trattamento automatico di dati di natura linguistica, che si chiederà di esaminare rapportandoli alle prime analisi automatiche, condotte tra gli anni Sessanta e gli anni Settanta, sul discorso politico. Sotto questo aspetto, l’intelligenza artificiale e il trattamento automatico delle lingue naturali attraverso la trascrizione e la traduzione automatiche vanno nella direzione di un’analisi di fenomeni discorsivi nuovi, che mettono in discussione il ruolo dell’analista, a cui spetta esaminarli e riflettere sul posizionamento etico dell’ADF, a partire da esigenze che scaturiscono, ormai, anche dall’uso di un linguaggio rispettoso delle differenze e più inclusivo (Raus et al. 2022). Altri interrogativi che potranno essere oggetto di riflessione attengono all’interdiscorsività che caratterizza le nozioni dell’ADF rispetto a epoche, contesti socioculturali (Raus 2019) e linguistici diversi, in modo da farne emergere le specificità e da creare una terminologia dell’ADF in lingue che vanno al di là del francese. Si ricorda, a questo proposito, il progetto che è alla base della collana Traduco (Tab edizioni, Roma), diretta da Rachele Raus, che si pone l’obiettivo di tradurre e far conoscere, in Italia e nel contesto italofono, opere redatte nell’ambito dell’analisi del discorso francofona.
La presente iniziativa si colloca nel solco di altri progetti, avviati a partire dal 2020 in Italia e in parte con il patrocinio del Do.Ri.F., volti a promuovere l’ADF e la dimensione “impegnata” che la caratterizza, in un contesto sempre più complesso e complicato, tra cui si ricordano
- la traduzione di saggi di analisti dell’ADF del mondo francofono in italiano, nell’ambito della collana Traduco (Tab edizioni, Roma), diretta da Rachele Raus (https://www.tabedizioni.it/shop/books/series/traduco-47?order=ordering+desc), a partire dal 2020;
- il n° 20, 2024, della rivista Synergie Italie, dedicato alla diffusione dell’ADF in Italia (https://gerflint.fr/synergies-italie/103-pages-synergies/311-synergies-italie-20);
- una Tavola rotonda su “Multilinguismo e analisi del discorso”, relativa all’apertura dell’ADF verso lingue e approcci disciplinari diversi, svoltasi presso l’Università di Catania (https://www.efmr.it/sites/default/files/Table%20ronde%20%E2%80%9CAnalyse%20du%20Discours%20et%20Multilinguisme%E2%80%9D%20%2825-10-2024%29.pdf), a ottobre 2024;
- un ciclo di seminari relativo al recepimento dell’ADF in Italia e una Giornata di studi internazionale sulle problematiche e le prospettive poste dagli studi attuali sul discorso, in un’ottica di dialogo tra discipline diverse, presso l’Università di Milano (https://dhphd.hypotheses.org/2472), nell’autunno del 2023;
- il vol. 12/1 (con pubblicazione nel 2025) della rivista Lingue Culture Mediazioni, dal titolo “Analyse du discours française et études linguistiques : trajectoires de recherche actuelles” (https://www.ledonline.it/index.php/LCM-Journal/announcement/view/91).
Le proposte attese per la presente Giornata di studi potranno riguardare, a titolo non esclusivo:
- il trattamento automatico del testo, a partire dalle prime ricerche condotte nell’ambito dell’ADF, e la riconfigurazione dello stesso all’epoca dell’intelligenza artificiale, in termini di traduzione automatica, trascrizione automatica e creazione di applicazioni che sfruttano l’intelligenza artificiale per trattare dati di natura linguistica, anche a fini pedagogici;
- l’analisi del discorso politico delle origini e la riconfigurazione della stessa in termini di dimensione “impegnata” e posizionamento rispetto all’epoca attuale, alla luce di spostamenti interni al discorso politico (Alduy et al. 2023) che portano alla crisi del confronto politico (Charaudeau 2022), e del ritorno dei populismi, anche attraverso una radicalizzazione del discorso, nei regimi democratici europei;
- il recepimento delle nozioni e dei concetti dell’ADF legati al discorso politico e al trattamento automatico del testo, in Italia, a livello di traduzione inter- e intralinguistica, e di riconfigurazioni dello spazio sociopolitico contemporaneo rispetto a quello che è stato oggetto delle ricerche condotte da esponenti dell’ADF di “prima generazione”;
- il ruolo e l’impegno dell’analista del discorso nello status di “ricercatore”, il “modo di porsi” (Charaudeau 2013) e il posizionamento etico che assume alla luce del dibattito politico e sociale contemporaneo, mettendo questi aspetti a confronto con quelli che hanno caratterizzato il contesto dell’ADF delle origini;
- gli apporti e le influenze reciproci tra la riconfigurazione dell’ADF delle origini e altri approcci teorici nel contesto politico e sociale contemporaneo.
Modalità di adesione:
Le proposte di comunicazione, da redigere in francese o in italiano, in formato word, non supereranno le 500 parole (inclusi i riferimenti bibliografici) e verteranno su una delle aree di ricerca menzionate. Saranno presentate in forma anonima e accompagnate, nel testo del messaggio, dal titolo della proposta, dal nome e cognome, dall’Università o istituzione di riferimento e dall’indirizzo mail della persona o delle persone coinvolte. Il messaggio, da inviare all’indirizzo adf2025@uniba.it, avrà come oggetto: ADF des origines – nome/i e cognome/i.
È incoraggiata anche la presentazione di proposte da parte di studenti che hanno intrapreso un percorso dottorale che ha come metodologia di ricerca l’ADF e gli sviluppi della stessa in termini di trattamento automatico del discorso e di analisi del discorso politico. Queste ultime proposte confluiranno in una sessione ad hoc, dedicata alla presentazione delle ricerche dottorali in corso.
Calendario:
Data ultima per l’invio delle proposte: 15 aprile 2025
Notifica dell’accettazione delle proposte: 30 aprile 2025
Giornata di studi: 29-30 maggio 2025
Luogo: Bari, Dipartimento di Scienze politiche (Università degli studi di Bari Aldo Moro)
Durata degli interventi: 20 minuti
Lingue di presentazione: francese e italiano
Pubblicazione: numero tematico di rivista scientifica internazionale o volume tematico miscellaneo
Comitato scientifico:
Johannes Angermuller (Open University)
Patrick Charaudeau (Università Sorbonne Paris-Nord)
Françoise Favart (Università di Trieste)
Paola Paissa (Università di Torino)
Rachele Raus (Università di Bologna-Forlì)
Micaela Rossi (Università di Genova)
Alida Maria Silletti (Università di Bari Aldo Moro)
Lorella Sini (Università di Pisa)
Comitato organizzatore: Alida M. Silletti, Giuseppe A. Papagni, Luca Dellino
Riferimenti bibliografici citati:
Alduy C., Collovald A., Pranchère J.-Y. (2023), « Les faillites du langage », Esprit, 302, https://esprit.presse.fr/article/cecile-alduy-et-annie-collovald-et-jean-yves-pranchere/les-faillites-du-langage-44871
Althusser L. (1970), « Idéologie et appareils idéologiques d’État. (Notes pour une recherche) », La pensée, 51, pp. 3-38.
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Authier-Revuz J. (2020), La Représentation du Discours Autre. Principes pour une description, Berlin/Boston, De Gruyter, 2020.
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Charaudeau P. (2020), La manipulation de la vérité. Du triomphe de la négation aux brouillages de la post-vérité, Limoges, Lambert-Lucas.
Charaudeau P. (2022), Le discours populiste, un brouillage des enjeux politiques, Limoges, Lambert-Lucas.
Charaudeau P. (2023), Le Sujet parlant en sciences du langage. Contraintes et libertés. Une perspective interdisciplinaire, Limoges, Lambert-Lucas.
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Mazière F. (2005), L'analyse du discours. Histoire et pratiques, Parigi, Presses universitaires de France, collana « Que sais-je ? ».
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